Ecoconception

 

            Ecoconception pour la Remanufacture                        

Une des clés de la rentabilité des activités de régénération de la performance

Les produits ont généralement été optimisés pour être fabriqués de la manière la plus optimale possible, afin de générer le minimum de coûts en production. Ils ne sont pas conçus pour être spécifiquement démontés, et encore moins pensés pour être reconditionnés ou remanufacturés !

Il en résulte que les remanufacturiers -comme les reconditionneurs ou les réparateurs- passent énormément de temps et d'énergie pour régénérer un niveau de performance satisfaisant à moindre coût.

Pour les fabricants, faire évoluer un produit vers la circularité nécessite souvent de le repenser différemment, de manière globale, en intégrant l'ensemble de sa chaîne de valeur. Cela nécessite la mise en oeuvre de ressources considérables dans un contexte souvent tendu et hyper compétitif. Les modèles linéaires sont difficilement adaptables, et si des évolutions sont apportées, elles sont généralement priorisées pour générer de la valeur à court terme pour le fabricant.

Une réglementation Européenne

Faisant le constat que les produits sont trop faiblement recyclés, et que 80% de la pollution environnementale résulte des décisions prises lors de l’étape de conception, la Commission Européenne a publié en 2009 la Directive 2009/125/CE concernant l'écoconception pour des produits durables.

Priorisant dans un premier temps ses travaux sur les thématiques de recyclabilité et consommation énergétique, la Directive évolue pour couvrir progressivement d'autres champs tels que la réparabilité (mise en place en 2021), ou le Passeport Numérique des Produits (mis en place en 2024 - voir plus bas), inspirée par les lois mises en oeuvre dans les différents pays de l'UE, dont la France (loi AGEC - Anti-Gaspi pour l'Economie Circulaire).

 

Une opportunité à saisir pour les fabricants

Dans un système linéaire, les fabricants perdent rapidement contact avec les clients, notamment s'ils s'adressent à des intermédiaires tels que des distributeurs. S'ils souhaitent continuer à maitriser leur chaine de valeur,  ils doivent repenser leurs produits en intégrant la circularité à chaque étape du cycle de vie du produit, de l'extraction des ressources jusqu'aux différents schémas de fin d'usage.

Ecoconcevoir son produit pour allonger sa durée d'utilisation offre de nouvelles opportunités marchés pour les fabricants. Par exemple, s'il développe un nouveau business model basé sur l'économie de la fonctionnalité, en gardant la propriété de son produit, il a tout intérêt à ce que le produit soit le plus durable possible, et permette une régénération très rapide de ses performances initiales. 

 

Les remanufacturiers développent leur propre R&D

Le risque pour les fabricants de ne pas repenser leurs produits pour qu'ils soient écoconçus, est que d'autres parties prenantes montent en compétence dans leurs domaines. En effet, les remanufacturiers développent progressivement des bureaux de R&D dans le but d'optimiser leur chaîne de revalorisation des produits, et certains déposent même des brevêts ! Ils voient l'opportunité de remonter la chaîne de valeur et de développer des expertises produits.

De nouveaux acteurs voient aussi le jour, spécialisés dans la logistique inverse. Eux en revanche, voient l'opportunité de descendre la chaîne de valeur en mettant par exemple en place des ateliers de réparation/reconditionnement produits.

 

Exemples de stratégies d'écoconception pour la remanufacture, appliqué à une table à induction

Ecoconception pour la remanufacture

 

            Passeport Numérique des Produits                        

Données fabriquant pour améliorer la remanufacturabilité

Le Passeport Numérique des Produits regroupe les informations dites "statiques" concernant le produit, c'est à dire qu'elle sont intégrées par le fabricant lors de la mise sur le marché du produit, mais elle n'évolueront pas durant le cycle de vie du produit. Ces informations représentent les données clés d'un produit sur toute sa chaîne de valeur : de l'extraction au recyclage en passant par l'approvisionnement, la transformation des matières, la production, la distribution. L'accès à ces données est fondamental pour que les remanufacturiers puissent optimiser leurs activités et notamment sur le temps passé à régénérer les performances initiales du produit.

Ces données pourront notamment contenir les caractéristiques des matières et leur recyclabilité, les plans et schémas des cartes électroniques, les résultats de tests, les certifications, l'empreinte carbone du produit, les options de réparation et démontage, etc...

Pour ceux qui souhaiteraient approfondir la thématique sur le Passeport Numérique des Produits, Deloitte a publié un rapport mettant en lumière les bénéfices, contraintes, impacts et coûts générés par sa mise en oeuvre, au niveau de l'entreprise. 

Que dit la réglementation Européenne ?

En mars 2022, dans le cadre du Pacte Vert pour l'Europe, la Commission Européenne a souhaité aller plus loin sur la Directive 2009/125/CE concernant l'écoconception pour des produits durables. Elle a défini un nouveau réglement ESPR (Ecodesign for Sustainable product Regulation) intégrant de nouvelles mesures, dont notamment la mise en place progressive du Passeport Numérique des Produits, visant à rendre plus durable et circulaire la quasi totalité des produits de l'UE.

Le Passeport Numérique des Produits sera imposé à partir de 2024 aux fabricants et aux distributeurs mettant des produits sur les marchés. Tous les produits sont concernés, mais la Commission Européenne cible en priorité la mise en place dans les industries de la construction (réglement spécifique), des équipements électriques et électroniques (EEE), des batteries et du textile.

En 2023, il y a une vingtaine de projet de recherche sur la construction du Passeport Digital (ex. : KEEP, Trace4Value), dont 4 sont dirigés par Pascal Leroy (Directeur Général de WEEE Forum, sur les produits électriques et électroniques).